En 2025, parler des menstruations reste compliqué dans de nombreuses sociétés africaines. Pourtant, la santé menstruelle concerne la moitié de la population. Entre manque d’informations, difficultés d’accès aux protections et stigmatisation, il est temps de mettre fin aux tabous.
Pourquoi la menstruation est-elle encore un sujet tabou ?
Dans plusieurs cultures, les règles sont associées à des croyances négatives. Certaines jeunes filles ne peuvent pas cuisiner, toucher certains aliments ou même entrer dans certains lieux lorsqu’elles ont leurs règles. Résultat ? Beaucoup grandissent en pensant que leurs menstruations sont une honte à cacher.
Les discussions autour des règles restent limitées, même au sein des familles. Beaucoup de mères n’abordent pas le sujet avec leurs filles. Certaines découvrent leurs règles seules et paniquent en pensant être malades.
Fun fact : Dans certains pays, on utilise des expressions codées comme « les Anglais ont débarqué » ou « c’est la saison des mangues » pour parler des menstruations. Mais pourquoi ne pas simplement dire « j’ai mes règles » ?
L’impact du tabou sur l’éducation et la santé des femmes
Quand une fille n’a pas accès à des protections hygiéniques adaptées, elle manque souvent l’école plusieurs jours par mois.
Selon l’UNESCO, 1 fille sur 10 en Afrique subsaharienne abandonne l’école après ses premières règles.
Le manque d’accès aux serviettes hygiéniques aggrave aussi les problèmes de santé. Beaucoup de femmes utilisent du papier journal, des morceaux de tissu ou même des feuilles pour se protéger, ce qui favorise les infections.
Un marché encore sous-exploité : Aujourd’hui, 350 millions de femmes en Afrique ont besoin de serviettes hygiéniques. Pourtant, le marché des protections menstruelles est encore largement dominé par les grandes marques internationales.

Comment briser le silence et améliorer la situation
Face à ces défis, plusieurs entrepreneures africaines proposent des alternatives accessibles et écologiques.
- Elsa M’Bena Ba, une Togolaise, fabrique des serviettes hygiéniques réutilisables à base de coton et de bambou. Son objectif ? Offrir une solution durable aux femmes qui n’ont pas les moyens d’acheter des serviettes jetables chaque mois.
- Au Burkina Faso, des associations et des entreprises locales fabriquent et distribuent des serviettes lavables, une alternative économique et écologique.


Certains pays comme le Kenya et le Rwanda ont supprimé la taxe sur les serviettes hygiéniques, les rendant plus accessibles aux femmes.
Éduquer dès le plus jeune âge
Les écoles doivent intégrer des cours sur la santé menstruelle. Expliquer aux filles et aux garçons ce qui se passe dans le corps féminin permet de normaliser les règles.
Rendre les protections accessibles
Les serviettes hygiéniques restent trop chères pour de nombreuses familles. Heureusement, plusieurs initiatives locales développent des protections réutilisables et biodégradables, comme Be Girl ou Pad-Up Creations. Certains pays comme le Kenya et le Rwanda ont supprimé la taxe sur les serviettes hygiéniques pour les rendre plus abordables.
Encourager les discussions ouvertes
Les médias et les influenceuses jouent un rôle clé. Sur Instagram et TikTok, de plus en plus de femmes africaines partagent leurs expériences pour briser les tabous.
Days for Girls : Présente dans plusieurs pays africains, cette ONG fabrique et distribue des serviettes réutilisables pour les filles en zone rurale. Découvrir leurs actions
OSEFF (Organisation pour la Santé de l’Enfant, de la Femme et de la Famille) : En Côte d’Ivoire, l’OSEFF mène des campagnes de sensibilisation et distribue des kits menstruels pour lutter contre la précarité menstruelle. Plus d’informations