Selon une étude britannique récente, 74  % des personnes interrogées pleurent régulièrement sous la douche. Pourquoi cet endroit est-il propice à la libération de nos larmes ? Explications.

« Sous la douche, on pense souvent à notre vie, à notre quotidien. » Dans son podcast  Conversations avant la fin du monde , avec l’essayiste Élodie Font, l’entrepreneure Julia Layani se livre sur le jour où elle a pris conscience de son homosexualité, en prenant sa douche. « Je me disais, cette meuf qui je crois être ma meilleure amie, elle est amoureuse de moi, et moi je suis amoureuse d’elle. Ça m’a pris une fraction de seconde. » 

Mais que se passe-t-il sous la douche ? Cet endroit est-il particulièrement propice à l’introspection ? À en croire une étude récente, la douche représente en tout cas un lieu idéal à la libération des émotions. Selon un sondage réalisé par le fournisseur de salle de bains britannique Showers To You (STY), relayé par  Glamour UK , 74 % des personnes interrogées pleurent régulièrement sous la douche. Comment l’expliquer  ? 

Pleurer loin du monde extérieur  

Dans un article de « The Cut » publié en 2015, Lauren Bylsma, psychologue à l’université de Pittsburgh aux États-Unis, explique que « les gens sont plus susceptibles de pleurer lorsqu’ils sont à la maison et seuls ». Selon une étude qu’elle a réalisée auprès de 5 000 femmes et hommes, 62 % des épisodes de pleurs ont lieu à la maison, et la plupart des gens gardent leurs larmes jusqu’à ce qu’ils se retrouvent seuls : 35 % des crises de larmes ont eu lieu sans aucun témoin, tandis que 31 % se sont produites en présence d’une seule personne. 

Or, la douche fait partie des rares endroits et des moments inouïs où l’on se retrouve seul avec soi-même. « Nous vivons toutes sortes d’émotions tout au long de la journée et nous avons souvent besoin d’explorer ou d’exprimer ces sentiments », explique la conseillère en ligne pour femmes Georgina Sturmer, consultée par l’entreprise STY. « Pleurer est un moyen d’explorer ou d’exprimer ces sentiments refoulés et de nous calmer, mais nous ne nous sentons pas toujours à l’aise pour verser des larmes quand nous en avons besoin », poursuit-elle. Pour cause, « nous pouvons avoir l’impression que nos larmes sont inappropriées, embarrassantes ou un signe de faiblesse.

Ceci est souvent basé sur des messages que nous avons absorbés lorsque nous grandissions ou sur les attentes de la société qui nous entoure. Cela peut donc nous amener à trouver un moment privé où nous sentons que nous pouvons nous connecter avec nos émotions et permettre à nos larmes de couler ». Sans parler du bruit de l’eau qui permet de masquer celui des sanglots, comme le souligne Ray Bradbury, auteur de « Fahrenheit 451 », dans son recueil de poèmes intitulé I live by the invisible paru en 2002. 

Relâchement des tensions et amélioration de l’humeur 

Il y a aussi une explication physique, liée à la température de l’eau. « Il est possible de constater un effet exponentiel des douches chaudes et des pleurs sur le relâchement des tensions dans le corps et l’esprit », explique la Dr Amber Johnston, psychologue clinicienne et neuropsychologue britannique, interrogée par la marque. Cela permet de « ramener le corps à un état de plus grande relaxation et favoriser les substances chimiques qui aident à se sentir connecté et à améliorer l’humeur », ajoute l’experte. 

Si les pleurs sont associés à des émotions négatives liées à des sentiments de tristesse, ils offrent en réalité  des bienfaits insoupçonnés sur le psychisme. « Les larmes elles-mêmes peuvent agir comme une désintoxication d’une trop grande hormone de stress (cortisol) ou de toxines supplémentaires. Avec la libération de cortisol hors du système corporel, les pleurs sont liés à l’activation du système nerveux parasympathique (ou la réponse de relaxation), qui est à l’opposé de la réponse de combat ou de fuite, et donc un antidote naturel à un état de tension accru », explique encore la Dr Amber Johnston. 

Les douches froides sont, elles aussi, favorables au bien-être psychique, puisqu’elles libèrent de la dopamine « stimulant un regain d’énergie et de concentration », explique la spécialiste. La libération des endorphines que permet la basse température de l’eau, améliore non seulement l’humeur, mais elle fluidifie aussi la circulation du sang et augmente la fréquence cardiaque, « réduisant ainsi la fatigue et l’inflammation », ce qui peut « aider à renforcer la résilience physique et psychologique »