Aya Nakamura, l’artiste qui dérange : Entre discréditation et vilainisation.
Une femme noire qui réussit, ca dérange.
Avec des albums certifiés disque de diamant et des hits comme Djadja et Copines, cumulant des centaines de millions de vues, Aya Nakamura est incontestablement une icône mondiale. Pourtant, elle reste la cible d’un mépris récurrent dans l’espace public, comme l’a encore montré l’annonce de sa participation à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024, qui a provoqué une vague de réactions racistes et misogynes à son égard.
Une artiste audacieuse qui redéfinit la pop française
Aya Nakamura s’est imposée en révolutionnant la pop française, en y intégrant le langage des quartiers et des influences musicales variées. Avec des expressions comme En catchana ou Tchop, elle a imposé une nouvelle esthétique qui déplaît à certains. Trop souvent, les médias français cherchent à la cantonner ou à minimiser son travail artistique, révélant un refus de voir une femme noire redéfinir les codes d’une industrie musicale closoinnée.
Pourtant, sur la scène internationale, Aya Nakamura est reconnue comme une figure incontournable. Elle collabore avec des artistes comme Stormzy et Maluma, et ses albums sont acclamés bien au-delà des frontières françaises. En 2023, elle est devenue l’artiste francophone la plus écoutée au monde sur Spotify.
La misogynoire au cœur des attaques
Le traitement qu’elle subit illustre un concept théorisé par les universitaires afro-américaines Moya Bailey et Trudy : la misogynoire. Ce terme décrit le traitement particulier que subissent les femmes noires, victimes d’une intersection entre racisme et sexisme. Bell Hooks, dans Ne suis-je pas une femme ?, démontre comment cette oppression est enracinée dans l’histoire coloniale et esclavagiste, où les femmes noires étaient réduites à des objets de travail et de désir.
Trois stéréotypes reviennent constamment dans la façon dont les médias traitent Aya Nakamura :
- La femme noire en colère : Aya Nakamura est souvent décrite comme agressive ou ingrate. Lorsque l’animatrice Yann Barthès l’accuse d’avoir annulé une apparition en dernière minute, cela alimente l’image d’une artiste irresponsable, alors qu’elle avait prévenu en avance qu’elle ne pourrait plus participer à cette émission.
- 2. La femme noire forte : On attend d’elle une résilience inébranlable. On se soucie peu de savoir comment elle surmonte les attaques, les critiques racistes et sexistes qui lui sont adressés. Ce préjugé minimise la violence qu’elle endure et renforce l’idée qu’elle est assez forte pour endurer la discrimination régulièrement.
- 3. La femme noire hypersexualisée : Comparée à une actrice porno par un journaliste du journal satirique Fakir, dépeinte comme vulgaire, Aya Nakamura subit un racisme sexiste qui renvoie à une longue tradition de déshumanisation du corps des femmes noires.
L’impact de la Nakamurance
Malgré ces attaques, Aya Nakamura continue de briller. En 2024, elle est pressentie pour un show historique aux Jeux Olympiques, confirmant son statut d’icône culturelle.
Soutenu ou pas par les médias français, la Nakamurance continue son envol en offrant plus de représentations par de nouvelles collaborations, en faisant preuve de plus de créativité dans la conception de ses sons.
Cependant, l’artiste doit forcément porter une charge mentale continuelle, par la dégradation auquel elle fait face dans des espaces qui devraient servir à amplifier son art.
Fan de sa musique ou pas, résistons au schéma réducteur, qui soustrait le degré de teint d’une artiste et sa façon de s’exprimer à son niveau de performance et sa capacité de réussite. Qu’on le veuille ou non, les femmes noires n’ont pas fini de résister et d’aller au-delà des cases et des limites qu’on leur impose et que cela plaise ou non, la Nakamurance est loin d’être terminée.
