C’est un vent de fraîcheur et de fierté qui a soufflé sur la scène de Miss France cette année avec l’élection de la première Miss Martinique couronnée reine nationale. Une victoire symbolique, qui marque un pas en avant pour la diversité et l’inclusion dans le paysage des concours de beauté en France. Mais à peine les festivités terminées, une nouvelle étonnante a éclipsé cet élan : notre Miss France ne pourra pas concourir à Miss Monde. Pourquoi ? Une règle archaïque, discriminatoire et en décalage avec les valeurs de notre époque. La raison est que le règlement du concours est que l‘âge des participantes doit être compris entre 16 et 27 ans.
Au-delà de cette injustice, cette situation ouvre une réflexion plus large sur la manière dont les institutions, même celles qui prétendent célébrer l’élégance et l’universalité des femmes, peinent encore à s’adapter aux réalités contemporaines.
Le motif est simple mais accablant.
Miss Martinique, devenue Miss France, incarne la diversité culturelle et identitaire de la France. Elle est l’exemple parfait d’une jeunesse à l’intersection des mondes, capable de naviguer entre tradition et modernité, entre local et global.
En la privant de participer à Miss Monde, on envoie un message contradictoire à toutes les femmes qui, comme elle, veulent voir leur identité pleinement reconnue. On leur dit que leur singularité est un obstacle, là où elle devrait être un atout. Pourtant, les concours de beauté se positionnent de plus en plus comme des plateformes d’empowerment, où les candidates peuvent aborder des sujets sociétaux, défendre des causes, et inspirer des générations. N’est-il pas temps d’adopter des règles qui reflètent ces ambitions ?
L’affaire de Miss France révèle un problème plus large : celui des institutions qui tardent à intégrer les réalités multiculturelles et pluri-identitaires des sociétés modernes. Cette exclusion symbolise le retard des structures internationales face à une génération de femmes puissantes, ambitieuses et prêtes à redéfinir les normes.
Cela pose aussi la question des territoires ultra-marins, souvent relégués au second plan dans la représentation nationale et internationale. La Martinique, comme la Guadeloupe ou la Guyane, est un pilier de la richesse culturelle française. Pourquoi ses enfants devraient-ils se heurter à des barrières qu’on n’imposerait pas à d’autres citoyens français ?
Cette situation, aussi frustrante soit-elle, pourrait devenir un tremplin pour une réflexion globale sur l’avenir des concours de beauté. Si Miss Monde se veut réellement un événement inclusif, célébrant l’excellence féminine sous toutes ses formes, alors des ajustements sont nécessaires.
Pour Miss France, c’est l’occasion de montrer que le titre dépasse les podiums et devient un outil pour faire avancer des conversations cruciales sur l’égalité, l’inclusion et la reconnaissance. En refusant de rester silencieuse face à cette injustice, Miss Martinique peut devenir une voix puissante pour toutes celles qui se sentent exclues.
Miss France 2024, issue de la Martinique, est déjà une reine du peuple. Si elle ne peut porter les couleurs de la France à Miss Monde, elle porte quelque chose de plus précieux : l’espoir d’un changement. Elle nous rappelle que la beauté n’est pas seulement dans l’apparence, mais dans la capacité à bousculer les idées reçues et à incarner un message puissant.
Et peut-être qu’un jour, grâce à elle et à d’autres femmes comme elle, les couronnes ne seront plus seulement des ornements, mais des symboles d’un monde réellement inclusif et équitable.