Explorez les défis auxquels sont confrontées les femmes dans le domaine financier et les solutions innovantes pour les encourager à investir, tout en découvrant les domaines d’investissement prometteurs sur le continent africain. »
L’investissement, c’est un peu comme un secret bien gardé pour booster notre économie et garantir notre tranquillité financière. En gros, ça permet d’augmenter son patrimoine, de gagner en indépendance économique et d’améliorer le quotidien de toute la famille et même de la communauté. D’ailleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon la Banque Mondiale, le taux d’investissement privé en Afrique a grimpé de 17% du PIB en 2018 à 22% en 2023. Impressionnant, je vous l’accorde. Cette tendance, on la doit surtout à une classe moyenne qui ne cesse de grandir et à des initiatives gouvernementales qui facilitent la vie des investisseurs.
Dans son rapport « African Economic Outlook » de 2023, la Banque Africaine de Développement souligne que les principaux acteurs de cette dynamique sont les élites économiques et la classe moyenne émergente, représentant respectivement 15% et 25% des investisseurs privés. Mais une question brûlante reste : où sont les femmes dans cette nouvelle vague d’investissement ? La réponse est cruciale pour comprendre comment l’économie pourrait vraiment devenir inclusive et bénéfique pour tous.
La situation actuelle et ses origines…
Dans le tissu économique de l’Afrique, les femmes tiennent des rôles cruciaux, jonglant avec brio entre entrepreneuriat et secteur informel. Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), elles représentent près de 58% de l’économie informelle en Afrique subsaharienne. Pourtant, leur implication dans les investissements formels reste en deçà des attentes, comme le révèle une enquête du World Economic Forum qui estime que moins de 5% des femmes africaines détiennent des portefeuilles d’actions ou participent à des fonds de placement. Ces statistiques, bien que troublantes, ont leurs racines dans des facteurs culturels, sociaux et économiques profondément enracinés.
En tête de liste, les normes culturelles et les attentes sociales qui façonnent les choix et les actions des femmes au quotidien. De ce fait, malgré leur contribution financière aux charges du foyer, les décisions financières majeures restent souvent l’apanage des hommes, limitant ainsi la capacité des femmes à épargner et à investir. Les difficultés d’accès aux services financiers ajoutent une couche supplémentaire à cette réalité déjà bien difficile. Selon la Banque Mondiale, environ 70% des femmes africaines n’ont pas de compte bancaire formel, les privant ainsi des avantages des microcrédits et des programmes de gestion financière qui pourraient pourtant les aider à prospérer dans l’économie locale. En prime, les inégalités de revenus persistent, avec un écart de rémunération de genre significatif. D’après le « Global Wage Report 2023 » de l’Organisation Internationale du Travail, les femmes gagnent en moyenne 30% de moins que les hommes pour des emplois similaires. Cette disparité entrave davantage la capacité des femmes à épargner et à investir, creusant ainsi le fossé financier entre les genres.
Conseillère en investissement financier de profession, et Managing Partner de KARMA ALLIANCE, une société de conseil en investissement financier, Chrys EVE NYETAM, que nous avons la chance d’interroger sur la question nous révèle qu’en plus des freins cités plus haut, de son expérience, chez les femmes, il y a une réelle absence d’éducation financière qui les pousse à avoir peur du secteur formel. Elles préfèrent parfois investir dans des tontines qui sont plus risqués mais qui ont des taux d’intérêt très attractifs. Ensuite, très peu sont informées sur les produits financiers disponibles. Donc oui elles épargnent, mais ne savent pas comment faire fructifier cet argent au sen de réseaux fiables et normés. Le meilleur pour la fin, selon elle « Les femmes et les hommes aussi d’ailleurs, pensent que l’investissement c’est pour les riches. Alors que pour souscrire à un Fond Commun de Placement en zone CEMAC par exemple, il faut avoir 10 000 FCFA ».
Que faire pour encourager les femmes à investir …
L’un des constats les plus saisissants dans cette analyse réside dans la prise de conscience que les femmes de toutes les strates sociales sont concernées. Malgré une adhésion à la nécessité d’épargner, peu d’entre elles le font dans le circuit financier formel, ce qui diminue leurs opportunités d’investissement et donc de croissance financière. Pour inverser cette tendance chez ces dames, il est impératif d’entreprendre des actions de fond précises et ciblées.
Dans un premier temps, une intégration progressive dans les circuits financiers formels est à privilégier. Pour les femmes évoluant dans le secteur informel, en plus des banques traditionnelles, les microfinances et les coopératives de crédit offrent des alternatives vers lesquelles elles doivent être encouragées à se tourner. De plus, des politiques de soutien doivent être instaurées. Cela passe par la promotion de l’égalité des genres en milieu professionnel, comme cela a été réalisé avec succès au Rwanda par l’instauration de lois sur la parité en entreprise. De plus, il est crucial de soutenir les initiatives entrepreneuriales dirigées par des femmes. Des programmes tels que « SheTrades » de l’International Trade Centre illustrent parfaitement cette démarche en aidant les femmes entrepreneures à accéder aux marchés mondiaux. En 2023, ce programme a accompagné plus de 3 000 femmes dans le développement de leurs entreprises. Car, une source de revenus bien gérée et en croissance représente une augmentation du fonds d’investissement, ouvrant ainsi la voie à un avenir financier plus prometteur pour les femmes.
Sur cette question, Chrys adopte une position ferme, selon elle, « il faut partager l’information et populariser les notions liées à l’investissement. Les professionnels de la finance doivent démystifier le secteur et le rendre plus accessible. Cela passe par les événements, par une nouvelle façon d’utiliser les Réseaux sociaux aussi ».
Alors, comment investir ?
Dans l’univers de l’investissement, la connaissance est le premier pas vers le succès. Avant de s’engager, il est crucial de comprendre où l’on envisage de placer son temps, son énergie, et surtout son argent. En d’autres termes, soutenir la mise en place de programmes d’éducation financière spécifiques pour les femmes est essentiel pour améliorer leur compréhension des investissements et renforcer leur confiance dans ce domaine. Participer à des programmes d’éducation financière, qu’ils soient locaux ou en ligne, est vivement recommandé pour perfectionner ses compétences.
Une fois bien formées, de nombreux investisseurs à succès recommandent de diversifier leur portefeuille, une pratique encore plus cruciale sur le continent africain où les marchés peuvent être volatils. Investir dans différents secteurs permet de se protéger contre les pertes éventuelles. Ainsi, les femmes devraient envisager une combinaison d’actifs immobiliers, d’actions et de placements dans des entreprises locales pour répartir les risques et maximiser les rendements. Par ailleurs, il est primordial de s’adapter à son époque et de tirer profit des outils disponibles pour optimiser ses investissements. Ces dernières années, de nombreuses technologies financières (FinTech) ont été développées pour rendre l’investissement plus accessible. Les plateformes de trading en ligne et les applications de gestion financière, par exemple, offrent aux femmes la possibilité d’investir plus facilement et en toute transparence. Un exemple probant est celui de la plateforme M-Pesa au Kenya, qui a révolutionné l’accès aux services financiers pour des millions de personnes, y compris les femmes.
Les domaines d’investissement prometteurs en Afrique…
Dans l’univers de l’investissement, il est crucial de choisir la forme qui correspond le mieux à ses aspirations et à ses moyens. Les critères de sélection peuvent varier selon la fréquence des revenus, la compréhension de l’investissement et les fonds personnels disponibles, entre autres. En Afrique, certaines options d’investissement se distinguent par leur rentabilité avérée, leur fiabilité et leur liquidité.
En tête de liste de ce trio gagnant, l’immobilier se présente comme une option robuste et à long terme. Le secteur immobilier connaît une croissance rapide sur le continent, en particulier dans les centres urbains. Selon le rapport « Africa Report » de la Knight Frank publié en 2023, les investissements immobiliers en Afrique ont augmenté de 5% par an au cours des cinq dernières années. En deuxième position, les marchés boursiers africains offrent une option de plus en plus accessible grâce à la digitalisation des services financiers. Le Johannesburg Stock Exchange (JSE) se distingue comme l’un des marchés les plus dynamiques du continent, enregistrant une croissance de 8% de son indice composite en 2023, selon son rapport annuel. Enfin, l’entrepreneuriat se présente comme une voie prometteuse, offrant aux femmes l’opportunité de créer des entreprises prospères. Des initiatives telles que le programme SheTrades de l’International Trade Centre qui soutiennent activement les femmes entrepreneures, en particulier dans des secteurs tels que l’agriculture, la mode et les technologies de l’information. Ces programmes facilitent l’accès des femmes aux marchés mondiaux, favorisant ainsi leur indépendance financière et leur croissance professionnelle.