Il suffit d’ouvrir son application de streaming audio préférée pour avoir l’impression d’entrer dans une cacophonie sans fin : développement personnel, confession, couple, spiritualité, business, humour… Aujourd’hui, le podcast semble être devenu le nouveau blog des années 2010. Accessible, démocratique, intime, libre. Trop libre ? Peut-être. Une impression de saturation flotte dans l’air. Comme si chaque silence devait être comblé par une voix. Comme si chaque pensée devait se transformer en épisode. On écoute sans toujours entendre.
Mais au milieu de ce sentiment de trop-plein, une vérité s’impose : le podcast « made in africa », lui, n’a pas encore dit son dernier mot. Il semble représenter une parole encore en éclosion.
Car pendant que certains coins du monde ont peut-être atteint le point de saturation, l’Afrique francophone et l’Afrique en général, explore encore une certaine fréquence. Tout reste à faire : documenter nos récits, amplifier nos voix, raconter nos féminités, nos révoltes, nos douceurs, nos trajectoires de résilience, nos quêtes spirituelles, nos audaces créatives, nos histoires invisibles.
Le podcast, sur ce continent, n’est pas une tendance : c’est un outil d’éveil. Un véhicule d’archives sensibles. Une nouvelle oralité, digitale, incarnée, qui parle à la fois au présent et au futur.
Et puis, et si l’abondance était aussi un signe d’appétit? Alors oui, il y a beaucoup de podcasts. Mais la vraie question est : par qui sont-ils faits, pour qui, et pour dire quoi ? Parce que quand une Ivoirienne, une Sénégalaise, une Congolaise ou une Gabonaise prend un micro pour raconter l’intime, l’histoire ou le politique, elle ne fait pas « comme tout le monde ». Elle tisse une trame nouvelle, encore rare, encore précieuse. Le trop-plein n’existe pas là où il y a eu trop de silences.
Créer un podcast, en Afrique, aujourd’hui, c’est oser parler dans un monde qui ne nous a pas toujours écoutées. C’est aussi professionnaliser nos récits, sortir de l’amateurisme, affirmer nos identités sonores. Oui, il y a un besoin de qualité. Mais non, il n’est pas trop tard. Il est même urgent.
À celles et ceux qui se disent que le podcast, c’est dépassé, la réponse est simple : pas chez nous. Pas encore. Et peut-être jamais, si l’on continue à en faire un espace d’expression profonde, incarnée, ancrée dans nos réalités.