Octobre Rose met en lumière la prévention et le courage des femmes face à la maladie. Mais
derrière les rubans roses et les messages d’espoir, une réalité souvent passée sous silence persiste…
le poids financier du cancer du sein. Au-delà du combat médical, cette épreuve fragilise aussi la stabilité économique, la carrière et parfois même l’estime de soi. Parler d’argent, ici encore, c’est parler de santé, de dignité et de résilience.

Le diagnostic d’un cancer du sein ne se vit pas seulement dans le corps. Il se vit aussi dans le budget, les priorités et les choix quotidiens. Arrêts de travail, perte de revenus, soins non pris en charge, déplacements, suivi psychologique, reconstruction mammaire…les coûts directs et indirects s’accumulent souvent sans que l’on s’y attende.

Selon plusieurs études, une femme sur trois touchée par le cancer du sein connaît une diminution importante de ses revenus au cours de son traitement. Et dans de nombreux pays africains, où la protection sociale reste limitée, ces dépenses deviennent un véritable défi. Au-delà des chiffres, il y a les émotions : la peur de manquer, la culpabilité de dépendre des autres, l’épuisement de devoir “tenir bon” financièrement pendant qu’on lutte pour sa santé.
Ces pressions économiques s’ajoutent à la douleur physique et morale et rappellent combien la santé et la stabilité financière sont intimement liées.

Toutes les femmes ne vivent pas la maladie dans les mêmes conditions. Celles qui disposent d’une épargne, d’une couverture santé ou d’un entourage stable affrontent les traitements avec un peu plus
de sécurité. D’autres, plus vulnérables économiquement, doivent parfois choisir entre payer un soin, honorer un loyer ou subvenir aux besoins de leur famille.
Cette réalité touche particulièrement les femmes indépendantes, travailleuses informelles ou entrepreneures, dont les revenus reposent sur leur activité quotidienne. Une pause forcée, même temporaire, peut signifier la perte d’un équilibre durement acquis.
L’impact financier du cancer du sein devient ainsi un facteur d’inégalité silencieux, révélant les failles des systèmes de protection et la nécessité de renforcer la prévention économique autant que médicale.
Face à cette réalité, l’une des clés réside dans l’anticipation. Se protéger financièrement, c’est aussi une manière de prendre soin de sa santé mentale et émotionnelle pendant la maladie.

Cela passe par quelques leviers simples et essentiels :
• Constituer une épargne de précaution santé, même modeste, pour amortir les imprévus liés aux soins.
• Souscrire à une assurance maladie complémentaire ou une couverture invalidité, adaptée à sa situation.
• Maintenir une vision claire de ses finances : dépenses prioritaires, dettes, aides disponibles.
• S’informer sur les dispositifs de soutien existants (associations, ONG, mutuelles, programmes publics).

Ces gestes ne suppriment pas la difficulté, mais ils offrent de l’air, une marge de manœuvre, un sentiment de maîtrise dans une période où tout semble échapper au contrôle.

L’importance du soutien et de la solidarité.
Aucune femme atteinte d’un cancer du sein ne devrait vivre ce combat seule. Derrière chaque femme touchée, il y a un réseau, parfois discret mais indispensable. Famille, amies, collègues, associations…chacun peut contribuer, à sa manière, à alléger la charge financière et émotionnelle de la malade.

Créer une chaîne de solidarité économique, c’est aussi cela, Octobre Rose,… soutenir une collègue qui ne peut plus travailler, offrir un service, partager une ressource, briser le silence autour de l’argent et de la maladie ou tout simplement contribuer à alléger le coût des soins, comme peut le faire l’ONG Think Tank Nanan.
La solidarité financière devient alors un geste d’amour collectif. Parce qu’aider une femme à garder sa stabilité, c’est aussi lui donner la force de guérir.

Après la maladie : se reconstruire, … aussi financièrement.
La guérison physique n’efface pas toujours les séquelles économiques. Reprendre une activité, reconstruire une entreprise, rembourser les dettes accumulées… autant d’étapes qui demandent temps, énergie et accompagnement.
Mais la reconstruction financière peut aussi devenir une renaissance. C’est souvent après l’épreuve que certaines femmes redéfinissent leur rapport à l’argent, à la sécurité, à la valeur de leur travail.
Elles deviennent plus conscientes, plus stratégiques, plus alignées. Et c’est dans cette conscience que naît un nouveau pouvoir… Celui d’utiliser l’argent non plus pour survivre mais pour se reconstruire et inspirer les autres.

Parler d’argent, c’est aussi parler de vie…
Le coût du cancer du sein dépasse les factures médicales, il touche à l’équilibre, à la dignité et à l’autonomie. En parler, c’est lever un tabou, c’est reconnaître que la santé financière fait partie intégrante du bien-être.
Octobre Rose célèbre la force féminine sous toutes ses formes physiques, émotionnelles et économiques. Parce qu’une femme informée, préparée et soutenue est une femme plus forte. Et qu’au cœur même de la fragilité, il y a la puissance d’une résilience partagée.

Nelly Ayoko KOUESSAN

Economy & Finance Editor at Elle Côte d’Ivoire l Co-founder and CEO La Féminance startUp Studio