Un vent de révolte souffle sur TikTok. Le « 4B Movement », un mouvement féministe né en Corée du Sud dans les années 2010, refait surface avec une intensité renouvelée, captivant une audience mondiale. Porté par les hashtags viraux et des témoignages personnels percutants, il divise autant qu’il inspire. À l’heure où les droits des femmes sont remis en question dans certains pays, notamment après la réélection de Donald Trump et les débats sur l’IVG aux États-Unis, le 4B Movement prend des allures de manifeste radical pour l’émancipation féminine.
Le « 4B » fait référence à quatre refus :
- Non aux relations amoureuses
- Non au sexe
- Non aux enfants
- Non au mariage
Ces quatre piliers traduisent un rejet des injonctions traditionnelles imposées aux femmes, particulièrement dans des sociétés conservatrices comme la Corée du Sud. Là-bas, la pression sociale exige que les femmes endossent le double rôle d’épouse et de mère, au détriment souvent de leur indépendance et de leurs aspirations personnelles. Mais le 4B Movement propose une alternative radicale : une vie où les femmes s’autodéfinissent, loin des attentes patriarcales.
La Corée du Sud, bien que modernisée, reste profondément ancrée dans des traditions conservatrices. Les femmes y font face à une pression énorme pour se marier avant 30 ans, avoir des enfants et prioriser la famille au détriment de leur carrière. Ce modèle de vie, devenu insoutenable pour de nombreuses jeunes femmes, explique pourquoi le pays affiche aujourd’hui le taux de natalité le plus bas au monde (0,78 enfant par femme en 2023).
Le mouvement s’inscrit également dans une vague globale de contestation féministe. Aux États-Unis, la présidence de Donald Trump et les attaques contre le droit à l’avortement dans certains États ont galvanisé les militantes féministes, qui voient dans le 4B Movement une réponse audacieuse face à la régression des droits.
TikTok joue un rôle clé dans la diffusion du mouvement. Des créatrices coréennes, américaines et européennes partagent leurs expériences sous les hashtags #4BMovement ou #NoMarriageLife, attirant des millions de vues. Ces vidéos, souvent poignantes et sans filtre, montrent des femmes qui racontent comment leur choix de dire « non » leur a permis de dire « oui » à leurs ambitions professionnelles, à leur bien-être et à leur indépendance.
Pour beaucoup, ce n’est pas un rejet de l’amour ou des hommes, mais un refus des dynamiques de pouvoir déséquilibrées dans les relations traditionnelles. Une participante confie :
« J’ai passé des années à me conformer à ce que ma famille et la société attendaient de moi. Dire non m’a permis de découvrir qui je suis réellement. »
Le 4B Movement, souvent qualifié de radical, n’échappe pas à la controverse. Certains critiquent son rejet total de la maternité et du mariage, y voyant une négation de valeurs fondamentales de la société. D’autres, en revanche, le perçoivent comme une réponse nécessaire à un système patriarcal oppressif.
En Corée du Sud, ce mouvement a provoqué des réactions vives, particulièrement de la part de groupes conservateurs qui y voient une menace pour la stabilité sociale et démographique du pays. À l’international, il divise également, entre celles qui y trouvent un modèle d’émancipation et ceux qui dénoncent une vision trop antagoniste des genres.
Le « 4B Movement » pose une question universelle : comment les femmes peuvent-elles se réapproprier leur liberté dans un monde où les attentes traditionnelles continuent de dicter leur vie ? Si toutes ne choisiront pas de suivre les quatre B, le mouvement ouvre une réflexion cruciale sur le droit des femmes à définir leurs propres priorités.
Alors que le 4B Movement continue de gagner en visibilité, il invite les femmes à s’interroger : jusqu’où sommes-nous prêtes à aller pour vivre selon nos propres termes ? Et si, au-delà des 4B, ce mouvement nous poussait simplement à revendiquer le droit à une vie choisie ?