La scène artistique africaine perd l’une de ses plus grandes voix. Koyo Kouoh, curatrice, penseuse et visionnaire culturelle, s’est éteinte à 57 ans. Née à Douala, élevée à Zurich, profondément enracinée à Dakar, elle incarnait un art qui traverse les frontières, qui bouscule les narratifs, qui élève. À travers cinq faits essentiels, nous rendons hommage à cette femme dont la vie fut un manifeste en soi.
1. Une trajectoire entre continents
Née en 1967 à Douala, au Cameroun, Koyo Kouoh grandit en Suisse avant de rayonner sur les scènes culturelles de Dakar, du Cap, de Londres et de Venise. Polyglotte, ancrée dans une vision panafricaine, elle a toujours revendiqué une appartenance fluide, ouverte, transcontinentale. À travers son travail, elle tisse des ponts entre Afrique, Europe et diaspora, offrant un récit nuancé et engagé de la création contemporaine africaine.
2. RAW Material Company : un espace pour penser, créer et déranger
En 2008, elle fonde à Dakar RAW Material Company, un centre d’art contemporain, de résidence, de formation et de critique. Plus qu’un espace d’exposition, RAW est un laboratoire d’idées. On y explore les enjeux postcoloniaux, les récits féminins, l’héritage et la mémoire. RAW devient rapidement un haut lieu de la pensée artistique en Afrique, attirant artistes, écrivains, curateurs du monde entier.
3. Le Zeitz MOCAA au Cap, un tournant historique
En 2019, Koyo Kouoh est nommée directrice exécutive et chef curatrice du Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (Zeitz MOCAA), le plus grand musée d’art contemporain du continent africain. Elle est la première femme africaine à occuper ce poste. Son mandat y est marqué par une décolonisation active des pratiques muséales, un engagement féministe fort, et une volonté de replacer le continent africain au cœur de la narration mondiale de l’art.
4. Commissaire de la Biennale de Venise 2026 : une première historique
En décembre 2024, le monde apprend qu’elle a été nommée commissaire générale de la 61e Biennale d’art contemporain de Venise, prévue en 2026. Une première pour une femme africaine dans l’histoire de cette prestigieuse manifestation fondée en 1895. Elle préparait une édition audacieuse, axée sur les récits minorisés, les pratiques décentrées et l’imaginaire de résistance.
5. Un héritage vivant
Koyo Kouoh n’était pas qu’une curatrice. Elle était une passeuse de récits, une éveilleuse de conscience, une architecte d’espaces critiques. Elle laisse derrière elle une génération d’artistes, de penseurs, de femmes et d’hommes qui continueront à faire vivre sa vision.
Son œuvre reste une invitation à penser autrement l’Afrique, la mémoire, le pouvoir et l’art.

« L’art est un espace de liberté, de réinvention et de transformation. »
— Koyo Kouoh
Son départ nous attriste profondément, mais son feu continue de brûler.
Merci, Koyo Kouoh.