Kolwezi Fashion Week : La mode Congolaise trouve enfin sa scène

Pour sa première édition, la Kolwezi Fashion Week a rassemblé designers, musiciens et
figures de la culture congolaise. Quatre jours de défilés et de performances qui donnent
une nouvelle visibilité à la création locale.

Un écrin scénographique pour révéler la création congolaise

La salle de spectacle choisie pour l’occasion s’ouvre comme un écrin rose pâle. De part et d’autre de l’allée centrale, des rangées de chaises blanches au dossier ovale se déploient avec précision. Elles encadrent un podium légèrement surélevé. Celui-ci s’étire au milieu de la pièce avant de s’incliner doucement vers le sol, comme une rampe conçue pour magnifier chaque sortie de mannequin.

Sous des lumières soigneusement pensées, aux dominantes rosées et violacées, la scène prend des airs de théâtre contemporain. Peu à peu, les invités prennent place tandis que les derniers ajustements s’achèvent. Au fond de la salle, des écrans LED disposés comme une porte vers un autre univers laissent deviner l’agitation des mannequins en préparation. La fraîcheur de la saison des pluies ajoute à l’ensemble une atmosphère à la fois délicate et électrique, comme une respiration retenue.

C’est dans ce décor minutieusement orchestré que s’ouvre le premier jour de la Kolwezi Fashion Week sur le thème “Kolwezite”. « Le public va découvrir deux mois de rush, de travail, de nuits blanches et de stress », confiait Malkia Kahasha, membre de l’organisation, lors de la conférence de presse tenue la veille. Une phrase qui résonne comme une promesse autant qu’un avertissement.

Quand musique, mode et identité locale entrent en résonance

Puis les lumières s’atténuent et les écrans s’illuminent. Le véritable spectacle commence. La scène s’anime d’abord avec Jacques Tshimankinda, artiste musicien inventeur du FoluBlues. Un savant mélange de folklore, luba et de blues. Pendant environ une heure, il captive le public avec son live. À quelques moments, il laisse le guitariste s’exprimer pleinement, accompagné par la rythmique discrète mais présente des autres instrumentistes. Sa musique, à la fois ancrée dans la tradition et résolument moderne, annonce les couleurs du reste de la soirée. Puis arrive le moment des défilés.

La scène accueille successivement les univers de Ruth Mulongoy, Arija Kalenga et Maman Yvette. Leurs créations se succèdent, mêlant créativité locale et influences contemporaines. Le dernier show est signé Urban Zulu, la marque de Papy Kaluw. Ayant grandi à Kolwezi, le créateur a aujourd’hui posé ses valises en Afrique du Sud. Mais chaque silhouette reflète la mémoire et l’énergie de la ville de son enfance.

Tout au long du défilé, Yannis Mbuyi accompagne les mannequins avec une performance musicale captivante. Sa setlist débute doucement puis monte en puissance, épousant parfaitement le rythme de la soirée. Lorsque le dernier modèle quitte le podium, il prend le micro et invite les musiciens à faire vibrer la salle aux sons de rythmes congolais. Immédiatement, le public se lève et l’ensemble de la salle danse, transformant l’espace en une véritable salle de fête. C’est sur cette note festive que se conclut le premier jour de la Kolwezi Fashion Week. Un lancement soigné pour une première édition très attendue.

Quatre journées, une vision : célébrer la jeunesse et la pluralité congolaise

Le lendemain, l’atmosphère festive du premier jour cède la place à une célébration différente,
mais tout aussi vibrante de l’identité et du style congolais. Le thème du jour, Sapologie, met à l’honneur l’élégance et l’audace des sapeurs. Tenues colorées, accessoires travaillés et style affirmé composent un véritable tableau vivant. Pas de défilé mais cette journée est une célébration culturelle, où chaque participant affirme sa personnalité à travers le vêtement. Les invités assistent à un spectacle empreint de spontanéité et de créativité, où l’énergie des sapeurs domine chaque instant.

Le troisième jour, sur le thème “Kora”, transporte la Kolwezi Fashion Week dans un cadre totalement différent. Le temps d’une soirée, le GPM Katebi Lodge se transforme en sanctuaire du style, prêt à accueillir les créations de trois marques : Ntombi couture By Thando, Maxhosa Africa et MANTSHO by Palesa Mokubung.

Les aménagements du lodge et ses cascades artificielles offrent un décor spectaculaire, presque hors du temps. Les marques défilent à tour de rôle, chacune apportant sa signature et son univers sur le podium. Les textures, couleurs et silhouettes dialoguent avec le cadre unique du lodge, offrant au
public un spectacle à la fois raffiné et enchanteur. Alors que le lodge de Katebi se vide, les regards se tournent déjà vers la quatrième et dernière journée de l’événement, placée sous le thème “Cuivre”.

Le soleil se lève sur Kolwezi et la journée commence, rythmée par les dernières activités du
Fashion Village, qui offre au public une ultime occasion de découvrir et d’acquérir les créations des talents locaux. À mesure que le jour décline et que la lumière se fait plus douce, l’effervescence grandit : la soirée peut commencer.

Les marques Wuman, Boyedoe et Adama Paris ouvrent la dernière série de défilés. Leur passage est suivi de la prestation de KEBLACK, artiste d’origine congolaise, booké depuis Paris pour l’événement. Le gala s’ouvre sur les interventions de Fifi Masuka – gouverneure de la province du Lualaba ainsi que la représentante de la Ministre des cultures et des arts.

À leur suite, c’est au tour de Marie Natacha Masuka, présidente de la Kolwezi Fashion Week,
de prendre la parole. Elle souligne que « la conceptualisation de ces quatre journées d’événements a été imaginée et réalisée par une équipe à 95 % congolaise, âgée de moins de 30 ans et déjà capable de porter une vision internationale. » Elle rend hommage aux artisans locaux, notamment à l’origine des boîtes d’invitation en malakit remises à chaque invité et de la collection Kolwezite. Souvent oubliés, ils ont aidé à façonner l’identité de cette édition.

À ses yeux, le succès de cette Fashion Week marque avant tout la victoire de la jeunesse
congolaise. « L’émancipation du Congo passera par sa jeunesse », conclut-elle.
Vient ensuite l’ultime défilé, conçu comme une pièce de théâtre. Les mannequins incarnent tour à tour les quatre peuples principaux du Congo : habillées par la marque Ssaül Couture. L’intrigue met en scène un prince invité à choisir son épouse parmi les représentantes des à quatre grandes tribus du Congo. Il n’en choisit aucune, un parti pris artistique qui souligne que le Congo tire sa force non d’une singularité, mais de la complémentarité de ses peuples et leurs différences.

Avec ce dernier tableau, la Kolwezi Fashion Week touche à sa fin. Quatre jours de mode, de culture et de créativité locale. La salle commence lentement à se vider, et tandis que beaucoup se pressent pour féliciter l’équipe organisatrice, que reste-t-il sinon les coulisses à raconter ?

Une Fashion Week de cette ampleur ne se construit pas sans zones d’ombre, et celle de Kolwezi n’y a pas échappé. Au-delà de l’excellence artistique et de l’énergie déployée sur scène, certaines failles logistiques ont rappelé la complexité d’un tel événement. La prise en charge des participants venus de plusieurs pays, la coordination des déplacements entre les différents lieux, la disponibilité parfois limitée de services essentiels ainsi qu’un manque de suivi, laissant certains invités sans l’assistance nécessaire.


Consciente de ces limites, la présidente de la Fashion Week, confiait en entretien : « J’avais
un certain standing qui n’a pas été complètement atteint. Donc, on va beaucoup travailler sur
l’équipe technique pour s’assurer qu’ils puissent produire ce qu’on demande d’eux.»
Une
déclaration qui témoigne de la vigilance et de l’engagement de l’équipe à tirer les enseignements de cette première édition, afin de perfectionner l’événement et d’assurer un équilibre harmonieux entre ambition artistique et rigueur logistique pour les années à venir. Un rendez-vous qui pose les bases d’une scène nouvelle à Kolwezi.

À lire aussi : LA FASHION WEEK BY ELIE KUAME : la confirmation d’un rendez-vous majeur du savoir-faire africain

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