L’homme du choix d’un style qui résonne loin n’est plus…
C’est un souffle créatif qui s’est éteint. Giorgio Armani est décédé à l’âge de 91 ans, laissant derrière lui un empire de l’élégance minimaliste, un héritage puissant représentant cinquante ans de carrière, mode, cosmétique, art et design.
Un symbole du « cool » noir
Dans Miami Vice ; LA série des années 1980, Armani habillait Don Johnson et Philip Michael Thomas. Le duo iconique fascinait, hommes et femmes et notamment la communauté noire : costume fluide et léger, non doublé, parfaitement adapté aux corps noirs et aux climats tropicaux. L’élégance moderne, stylée et accessible d’Armani ; portée avec aisance par un homme noir a rendu désirable le blazer Armani, démocratisant la classe noire.
Inclusivité chromatique
Armani a été l’un des premiers couturiers à proposer dès 2010 une gamme de maquillage avec des teintes adaptées aux peaux foncées. Sa ligne Armani Beauty a offert à de nombreuses femmes de couleur des nuances parfaitement ajustées, des textures fluides et non desséchantes, défiant les standards beauté jusque-là très limités.
Regard porté vers l’Afrique
Au-delà des podiums, Armani a manifesté un intérêt pour l’art contemporain africain : il fut l’un des premiers grands mécènes européens à acheter des œuvres d’artistes africains contemporains, notamment via Emporio Armani (PRODUCT) RED, collaborant avec des noms comme El Anatsui ou Romuald Hazoumè via la collection Angaza Afrika. Par ailleurs, sa marque Armani/Casa a décliné des pièces aux lignes épurées évoquant subtilement l’esthétique du continent africain à l’élégance discrète, mais pensée.
Une générosité visionnaire
La générosité d’Armani s’est aussi exprimée dans son soutien à la créatrice italo-haïtienne Stella Jean, qu’il a invitée saison après saison à défiler sur son catwalk. Une exposition mondiale inestimable, qui a contribué à faire résonner son engagement pour une mode métissée, ouverte et inclusive.
Une vision à la croisée des cultures
Son savoir-faire minimaliste, ses costumes non doublés, coupés dans des draps légers, tout dans son travail évoque une manière différente d’habiller les corps pour qu’ils correspondent aux climats et aux modes de vie. Il a compris que le vêtement n’est pas universel, et qu’un costume peut être souple, respirant, humble, tout en symbolisant une esthétique puissante.
Armani n’était pas seulement un couturier, il était une vision, une façon de penser les corps, l’élégance à la fois de manière structurée et fluide, mondialisée mais attentive aux identités particulières. Pour la communauté africaine, il a incarné ce lien entre modernité et métissage culturel : le costume ou tailleur Armani de Milan, à Miami, en passant par Lagos, Abidjan ou Kinshasa, est une promesse de pouvoir, de visibilité, d’inclusion.