Émeute en Angleterre :  racisme ou vivre ensemble, le monde doit choisir !

Un acte ignoble qui met le feu aux poudres

Pendant qu’à Abidjan, on consulte son téléphone pour ne pas manquer le brunch incontournable du dimanche suivant, au Royaume-Uni, depuis le 29 juillet, les personnes de couleur vérifient leurs téléphones pour ne pas manquer un SMS les avertissant des quartiers à éviter, leur conseillant de fermer leurs commerces ou de rentrer chez elles pour se protéger des agressions racistes. La fracture entre l’état d’esprit qui règne dans un monde en construction et un autre qui peine à se réinventer est ici visible de manière violente.

Rappel des faits : le 29 juillet 2024 à Southport, Axel Rudakubana, 17 ans, est arrêté suite au meurtre de trois fillettes âgées de 6, 7 et 9 ans, lors d’un atelier de danse dédié à Taylor Swift, où l’individu s’est introduit. blessant également huit autres enfants et leurs deux enseignants. Si le jeune homme, né au Pays de Galles de parents réfugiés rwandais, devra faire face à son destin ; l’horreur de son geste ne s’arrête pas là : l’émotion suscitée par cet acte révoltant a été si vive qu’elle a embrasé la société anglaise. Cela soulève une question à laquelle il faudra répondre : les crimes racistes sont-ils la seule solution face aux crises sociales et économiques, ou vaut-il vraiment la peine de promouvoir le vivre ensemble ?

1.      L’extrême droite surfe sur le triple meurtre.

Le jour suivant, l’extrême droite, différentes organisations ultranationalistes et anti-islam, en profitent pour attaquer une mosquée et terroriser des demandeurs d’asile dans plusieurs villes du Royaume-Uni. La violence et les rumeurs enflamment les réseaux sociaux, puis la foule. Des centaines d’individus se rassemblent du côté de Liverpool, dès le lendemain du drame, pour attaquer la mosquée locale et se battre contre la police. Le bilan de cette première journée fait état d’une cinquantaine de policiers blessés et de plusieurs commerces, appartenant à des personnes noires ou musulmanes, pillés. La ville de Manchester voit aussi ses rues entachées par les violences ; des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile sont encerclés ; le but des manifestants ? Y mettre le feu. Les agressions se succèdent, et la liste des villes touchées s’agrandit : Londres, Birmingham, Bristol, Liverpool, etc.


2.      Contre manifestations.

Plusieurs milliers de personnes se rassemblent pour s’opposer aux émeutes et à l’extrême droite, qui terrorisent les personnes de couleur depuis l’horrible tragédie. Des centaines de personnes se sont, par exemple, rassemblées devant un centre d’aide aux migrants, formant un bouclier humain. Des contre-manifestations s’organisent. Dans certaines villes, des jeunes hommes, encadrés par les forces de l’ordre, protègent les commerces. D’autres se chargent des fameux messages WhatsApp pour prévenir les personnes concernées de rentrer chez elles ou de fermer les commerces pour éviter les agressions. Un climat de terreur s’installe, ce qui crée des tensions. Dans ce contexte, la Ministre de l’Intérieur fait preuve de fermeté face aux casseurs et aux prises de parole de plusieurs influenceurs racistes, Courageusement, des personnalités prennent position ou expriment leurs sentiments sur cette situation via leurs réseaux. Edward Enninful a publié ce message sur Instagram : « Décevant de voir ce qui se passe en Angleterre. Soyez prudents, personnes de couleur », accompagné de photos de contre-manifestations. Matthew Miller, porte-parole du Département d’État américain, a déclaré que le gouvernement britannique avait « parfaitement le droit d’utiliser tous les outils juridiques à leur disposition pour demander des comptes à ceux qui sont impliqués dans des activités violentes ». L’ancien top model Karen Elson a exprimé sa tristesse en déclarant 

« Cela brise le cœur », suivi d’un hashtag appelant à se lever contre la haine. L’influenceuse Lizandre Malan, suivie par 1,7 million de personnes, semble penser que tout ceci est orchestré, tandis que Stefano Gabbana montre son soutien à la mobilisation antiraciste par des cœurs. Plusieurs autres personnalités, principalement des mannequins, appellent à « Une Angleterre unie ».


3.      Entre prise de position et peurs

Comme à chaque crise économique, l’Europe flirte à nouveau, avec les vieux démons qui nourrissent l’extrême droite. Combien, parmi ceux qui cassent et brûlent aujourd’hui, parmi ceux qui restent silencieux ou parmi les médias frileux, ont crié voir titré hier « Black Lives Matter » ? Il faut saluer le courage du gouvernement britannique, avec le Premier ministre Keir Starmer et la ministre de l’Intérieur Suella Braverman en tête. La victoire ou la montée des extrémistes lors des dernières élections un peu partout en Europe rend les gens silencieux. Les personnalités ne veulent pas froisser les fans qui partagent les idées racistes des casseurs. Dans ce climat, force est de constater que les voix qui se lèvent proviennent surtout du monde de la mode : stylistes, mannequins, rédacteurs en chef… Plus que de simples excuses pour les différents scandales des années passées, cette prise de parole, alors que les autres se taisent, vaut de l’or.

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