Le Nigéria, confronté à l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde, fait un pas audacieux pour renverser la tendance. Muhammad Ali Pate, ministre coordinateur de la Santé et de la Protection sociale, a récemment annoncé un programme offrant des césariennes gratuites aux femmes en situation de précarité. Cette initiative vise à sauver des vies et à améliorer l’accès aux soins obstétricaux essentiels.

Selon le rapport 2023 des Nations Unies sur les tendances de la mortalité maternelle (2000-2020), près de 28,5 % des décès maternels mondiaux surviennent au Nigéria, soulignant l’urgence de mesures drastiques. Le rapport révèle également qu’une femme nigériane court un risque de 1 sur 1 au cours de sa vie de mourir pendant la grossesse, l’accouchement ou après, comparé à un risque de 19 sur 14 900 dans les pays les plus développés.

Une réponse face à une crise alarmante

Le programme, lancé le 11 novembre 2024 dans le cadre de l’Initiative pour la Réduction de la Mortalité Maternelle, cible les femmes qui ne sont pas en mesure de payer les frais d’une césarienne, estimés à 60 000 nairas (environ 48 000 FCFA).

Cette mesure pourrait transformer la santé maternelle au Nigéria, où des complications telles que les hémorragies post-partum, souvent dues à un accès limité aux soins, constituent des causes majeures de décès. En garantissant un accès gratuit aux césariennes, le gouvernement espère réduire significativement ces chiffres alarmants.

Des statistiques alarmantes, un programme prometteur

En 2020, le Nigéria comptait environ 1 047 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, une augmentation de 14 % par rapport à 2017. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer le système de santé et à offrir des soins obstétricaux de qualité aux populations défavorisées.

Le programme bénéficie également du soutien de partenaires internationaux comme la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui le qualifient de « transformatif ». Des experts locaux, tels que Rhoda Robinson de l’ONG HACEY, saluent cette démarche, tout en appelant à l’élargir pour couvrir d’autres frais comme les médicaments et les échographies.

Un modèle pour l’Afrique

Le Nigéria rejoint d’autres pays africains, tels que le Bénin, le Mali et le Congo-Brazzaville, qui ont également adopté des politiques de gratuité des césariennes. Ces initiatives ont permis de réduire considérablement les barrières financières pour les femmes, améliorant ainsi l’accès aux soins essentiels pendant l’accouchement.