C’était l’événement mode de la rentrée à Abidjan. Deux jours durant, la capitale ivoirienne a vibré au rythme d’Air Afrique X Nike, réunis pour une collaboration inédite. Tout a commencé par une soirée intimiste : quatre-vingts invités triés sur le volet se sont retrouvés au Blulab, pour découvrir en avant-première la collection capsule et repartir les bras chargés de cadeaux. Le lendemain, place à une célébration populaire : plus de trois cents personnes ont fêté ensemble cette alliance qui réinvente l’élégance africaine, avec des talks rassemblant des voix créatives comme Sarah Diouf, le designer Nybé Ponzio ou le photographe Paul Ledron. La modération fut confiée à Marie Tusiama et Archives Ivoire. Enfin, trois DJ ont clôturé l’événement en faisant danser la foule.

Un héritage réactivé
Pour comprendre ce moment, il faut rappeler qu’Air Afrique, compagnie aérienne née en 1961, fut bien plus qu’un transporteur : elle incarna un rêve panafricain. « Air Afrique n’était pas seulement une compagnie, mais une vision de l’unité africaine », rappellent les fondateurs du collectif. L’entreprise soutenait activement les arts, le cinéma et la culture afro-diasporique, reliant les peuples à une époque encore marquée par la fragmentation coloniale.Disparue en 2002, la compagnie aurait pu sombrer dans l’oubli. Mais un collectif d’artistes et de créatifs : Lamine Diaoune, Jérémy Konko, Djiby Kebe et Ahmadou-Bamba Thiam, a choisi de la faire renaître autrement, à partir d’archives, d’objets et de fragments de mémoire.
Lancé officiellement en 2021 à Paris, le collectif Air Afrique est aujourd’hui une plateforme culturelle multidisciplinaire : un espace où se croisent arts visuels, cinéma, photographie et édition. Leur magazine, héritier du légendaire magazine de bord, est devenu un manifeste diasporique, élégant et libre.

La RK61, une archive du futur
La collaboration avec Nike s’inscrit dans cette logique. Elle célèbre l’esprit d’élévation et de mouvement : « L’air, sous toutes ses formes, relie le sport, le voyage et la mémoire collective », explique le collectif. La star du lancement est la Air Max RK61, un modèle hybride entre mocassin élégant et basket technique. Son nom n’est pas anodin : “RK” était le code de la compagnie, et “61” son année de création. « Nous voulions une sneaker qui porte en elle un récit », souligne Ahmadou-Bamba Thiam. Pensée comme une archive du futur, la paire rend hommage à l’élégance de nos aïeux qui se « sapaient » pour leurs retours au pays, tout en parlant aux nouvelles générations avides d’objets transgénérationnels.
Transmission et modernité
Le casting de la campagne “Première Classe” traduit cette volonté de transmission : Didier Drogba, Oumou Sangaré, Marie-José Ta Lou, Aïssa Maïgaou encore de jeunes figures de la scène parisienne posent côte à côte. Entre héritage et modernité, entre Afrique et diaspora, le message est clair : inventer de nouveaux rêves collectifs.
Au-delà des sneakers : un récit global
Air Afrique et Nike ne se contentent pas de lancer une paire de chaussures. Ils réactivent une mémoire, célèbrent une esthétique et affirment une ambition : replacer l’Afrique et ses diasporas au cœur du récit global, avec élégance et fierté. Cette ambition s’inscrit dans un mouvement plus large : le collectif Air Afrique participe actuellement à l’exposition consacrée à Virgil Abloh au Grand Palais à Paris, confirmant sa place dans le dialogue mondial entre cultures africaines, diaspora et grandes maisons.
« Il ne s’agit pas seulement de mode », conclut le collectif. « C’est une façon d’écrire une histoire qui nous appartient et que nous voulons transmettre. »